Le cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) représente environ 85 % de l’ensemble des cancers pulmonaires (INCa, 2023). Il touche surtout des patients de plus de 65 ans, avec un âge médian au diagnostic autour de 68 ans (SEER Cancer Stat Facts). L’augmentation de l’espérance de vie s’accompagne mécaniquement d’une hausse des diagnostics chez les seniors. En France, plus de 60 % des nouveaux cas concernent les plus de 70 ans (Santé Publique France, 2022).
Ces chiffres reflètent une réalité : le vieillissement cellulaire, l’exposition prolongée au tabac ou à d’autres facteurs de risque, mais aussi le sous-diagnostic parfois lié à la banalisation de certains symptômes chez les personnes âgées.
Ce terme regroupe plusieurs sous-types de tumeurs malignes du poumon, d’évolution et de sensibilité thérapeutique différentes :
Contrairement au cancer à petites cellules, qui est très agressif, le CBNPC évolue plus lentement. Mais il est souvent diagnostiqué à un stade avancé parce que les symptômes, peu spécifiques (toux persistante, essoufflement, fatigue inexpliquée…), sont difficiles à différencier de ceux d’autres maladies fréquentes chez les personnes âgées.
Chez les personnes âgées, le diagnostic du cancer pulmonaire pose des défis supplémentaires :
On estime que 45 % des décès liés au cancer bronchique touchent la tranche des 70-84 ans (Global Cancer Observatory, OMS, 2022). Ce chiffre souligne le retard de diagnostic mais aussi la prévalence élevée de cancers avancés dans cette population. Notamment, environ 35 % des cas de CBNPC chez les plus de 75 ans sont diagnostiqués à un stade métastatique, contre 28 % chez les moins de 65 ans (Réseau Francim).
Le vieillissement cellulaire accentue les phénomènes de réparation incomplète de l’ADN. Cela prédispose à la survenue de mutations cancérigènes, d’autant plus lorsque l’exposition à des carcinogènes s’accumule :
La prise en charge d’un CBNPC chez une personne âgée repose sur deux principes : le respect de l’individualité biologique, et la concertation pluridisciplinaire. La notion d’« âge physiologique », davantage que l’âge chronologique, est désormais au centre des recommandations (Recommandations de l’ESMO, 2023).
Avant toute décision, un bilan gériatrique permet d’évaluer :
Ces éléments viennent compléter la la classification TNM (taille, ganglions, métastases) pour affiner le choix du traitement.
Les protocoles sont sensiblement les mêmes qu’en population générale, mais l’adaptation est la règle. À noter :
Un écueil persiste : à diagnostic égal, les seniors reçoivent moins de traitements curatifs que les plus jeunes (étude EPSM Jeanne de Flandre, 2019).
Alors que le taux de survie à 5 ans pour l’ensemble des CBNPC plafonne autour de 18 %, il passe sous la barre des 10 % après 75 ans (Francim). Les progrès récents (immunothérapie, thérapies ciblées) permettent toutefois, chez certains profils, d’atteindre une stabilisation durable de la maladie et une préservation réelle de la qualité de vie.
La prise en compte des préférences des patients et l’ajustement des schémas selon la fragilité ou la robustesse (définition gériatrique) restent fondamentaux pour éviter le double écueil de la surmédicalisation ou du renoncement aux soins.
L’enjeu n’est pas simplement médical ou scientifique. Il s’agit, collectivement, de mieux reconnaître l’hétérogénéité des situations, de lutter contre les stéréotypes d’âge, et de promouvoir une alliance réelle entre recherche fondamentale, médecine clinique et soutien social. La pluridisciplinarité et l’échange ouvert sont des garants incontournables d’une prise en charge de qualité, respectueuse de la singularité de chaque senior atteint d’un cancer bronchique non à petites cellules.
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