Le cancer du poumon est l’un des cancers les plus meurtriers en France et dans le monde, en particulier chez les personnes âgées. Plus de 65 % des nouveaux diagnostics surviennent chez des personnes âgées de 65 ans ou plus (Santé publique France). Pourtant, derrière cette prévalence élevée, il existe une réalité souvent occultée : les disparités socio-économiques jouent un rôle majeur dans la distribution de la maladie chez les seniors. Interroger ces inégalités dépasse la simple addition des facteurs de risque classiques. Cela implique de questionner la place du déterminisme social, la qualité de l’accès à la prévention, et les spécificités du vieillissement dans un contexte souvent marqué par la précarité.
Depuis plusieurs décennies, une abondante littérature scientifique met en avant l’impact du statut socio-économique sur le risque de cancer du poumon. Ce lien s’exprime tout au long de la trajectoire de vie, mais il prend une dimension particulière chez les seniors, où il se cumule à d’autres facteurs de vulnérabilité.
Les données disponibles sont sans appel. Si l’on compare les taux d’incidence standardisés du cancer du poumon chez les hommes de plus de 70 ans, on constate un rapport de 1 à 2 selon le niveau socio-économique (Baromètre cancer, INCA 2023).
En Angleterre, la Public Health England estime que près de 40 % des écarts d’incidence du cancer du poumon chez les seniors entre quartiers riches et quartiers pauvres, sont directement imputables à des différences de niveau de vie, de conditions de logement et d’exposition environnementale (PHE, 2019).
Les inégalités sociales ne se limitent pas à la survenue du cancer. Elles se prolongent tout au long de la trajectoire de soins, en conditionnant le stade au diagnostic, les alternatives thérapeutiques, et même la survie à cinq ans. La précarité accroît la probabilité pour un senior d’être diagnostiqué à un stade avancé, avec des symptômes souvent négligés ou mal pris en charge.
La vieillesse n’est pas juste une question d’âge biologique. Elle s’accompagne, pour beaucoup, d’une fragilité économique pouvant être aggravée par la maladie. Or, être âgé et précaire cumulant parfois handicaps, dépendance et isolement, amplifie chaque difficulté liée à la prise en charge du cancer.
La lutte contre les disparités socio-économiques dans la prévalence du cancer du poumon chez les aînés passe par une action globale à plusieurs niveaux. Plusieurs pistes sont à renforcer :
La question de la disparité socio-économique dans la prévalence du cancer du poumon chez les aînés ne peut être éludée. Elle bouscule à la fois les habitudes en cancérologie et en gériatrie, interroge notre capacité à construire un système de santé plus équitable. Rendre visibles ces écarts, c’est déjà admettre que l’égalité des chances devant la maladie n’est pas acquise, surtout dans le grand âge.
Derrière les chiffres, il y a des patients, des histoires personnelles marquées par la précarité, l’isolement ou la stigmatisation. Réduire ces inégalités ne signifie pas seulement mieux traiter le cancer. Cela implique d’améliorer le cadre de vie, le soutien social, l’accès à l’information, et d’investir dans une prévention inclusive, à hauteur humaine. Les professionnels de santé, chercheurs, aidants et acteurs de terrain portent ensemble cette ambition, pour que chaque senior, quel que soit son parcours, puisse affronter l’épreuve du cancer sans subir une double peine sociale et médicale.
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