Avec l’avancée en âge, la question n’est plus seulement de savoir si une personne a été exposée à un polluant, mais bien combien de temps, à quels niveaux, et à combien de substances en synergie. L’exposition cumulative regroupe ainsi l’effet associé de multiples expositions environnementales, domestiques et parfois professionnelles, sur une période s’étendant parfois sur plusieurs décennies. La vulnérabilité liée au vieillissement, souvent mêlée à des réserves physiologiques réduites, fait de cette accumulation un enjeu particulièrement critique pour la santé respiratoire et le risque de cancers thoraciques.
Les cancers thoraciques (bronchopulmonaires, plèvre, voies respiratoires supérieures…) présentent une part attribuable très significative aux polluants, particulièrement après 65 ans. Les études européennes (notamment l’étude ESCAPE, The Lancet 2013) ont confirmé que la pollution atmosphérique joue un rôle majeur, mais il existe d’autres expositions, parfois négligées dans le parcours de vie des seniors :
Les spécificités biologiques des personnes âgées rendent leur organisme moins apte à neutraliser ou éliminer les toxiques, et plus vulnérable.
Chez un senior, une exposition actuelle s’ajoute ainsi à un “passif toxique” parfois accumulé depuis l’enfance ou la vie professionnelle. Certains profils cumulent : exposition antérieure à l’amiante et au tabac, urbanisation rapide, habitat mal ventilé… Décrypter cette histoire d’exposition devient un élément stratégique en prévention et dans l’accompagnement thérapeutique.
Plusieurs études internationales ont mis en lumière l’accélération du risque de cancers thoraciques sous l’effet cumulatif des polluants, effet qui s’exprime pleinement après 60-65 ans.
À noter que les effets tardifs (latence de plusieurs décennies pour certains cancers) compliquent l’analyse épidémiologique et masquent parfois l’importance d’expositions anciennes.
Au fil du temps, la plupart des personnes âgées n’ont pas connu une, mais plusieurs expositions : ville > campagne > professionnel, métro > circulation routière > chauffage domestique au fioul… Or, les effets des polluants ne sont pas strictement additifs : ils se potentialisent (“effet cocktail”).
L’exposition cumulative relève avant tout d’une construction invisible, peu questionnée lors des consultations courantes, et rarement estimée dans sa globalité chez la personne âgée.
Ces dernières années, la communauté médicale met l’accent sur des démarches individualisées, intégrant enfin l’histoire cumulative de chaque patient. Quelques pistes récentes :
Une approche fine et plurifactorielle, en lien avec les spécificités du vieillissement, se profile comme indispensable pour limiter l’impact cumulé des polluants. La lutte contre l’invisibilité de ces risques, la formation des professionnels de santé et l’implication des aidants forment déjà les premiers piliers de réponses à cet enjeu croissant des décennies à venir.